Historique de l'ensablement de l'embouchure de l'Argens
La zone de l’embouchure de l’Argens est connue, depuis très longtemps pour être sujette à des phénomènes d’ensablement récurrents par des sédiments de type « sables grossiers ». Cette action est provoquée principalement par la confrontation entre les masses d'eau du fleuve d'une part, et les courants marins du Golfe de Fréjus d'autre part.
Historiquement, il est admis que les connexions entre la mer et les cours d’eau de la plaine de l’Argens étaient plus importantes par le passé qu'aujourd'hui, ce qui pouvait atténuer l’effet « bouchon sableux », en particulier lors des phénomènes de crues.
Divers documents anciens attestent d'ailleurs bien de la mobilité importante des sédiments à l’embouchure au cours des siècles passés et de l’existence d’un delta « à bras mobiles » (d'après COHEN (O) -La baie de Fréjus : 2000 ans d'évolution du rivage- in Mappemonde 1/97 p.6-13)
De plus, le faible débit hydraulique du fleuve, conjugués aux faibles précipitations, aux courants marins et au vent, entrainent très souvent son ensablement, surtout en période estivale. De plus, un banc de sable est très souvent situé au droit de l'embouchure à plusieurs dizaines de mètres au large susceptible de se déplacer selon ces courants marins et accentuent donc davantage le risque d'ensablement.
Retirer ce volume de sable évalué à environ 3 000 000 m3, aurait un coût faramineux, de l'ordre de plusieurs dizaines de millions d'euros, et n'est pas envisageable.
banc de sable (environ 3 000 000 m3) au droit de l'embouchure de l'Argens
Le désensablement de l'embouchure de l'Argens : une action prioritaire du DOCOB
L'embouchure est un élément important du site car elle est située en dernière ligne de toute la plaine et Basse Vallée de l'Argens. Pour Natura 2000, cette ouverture doit être effective en permanence, à la fois en terme d'échanges entre le fleuve et la mer (connexion hydraulique) et pour permettre le déplacement de la faune piscicole (remontée et dévalaison des poissons dans le fleuve). En écologie, il s'agit de la Trame Bleue.
Une des actions prioritaires inscrites dans le Document d'Objectifs du site Natura 2000 est de pouvoir intervenir physiquement pour créer une brèche dans le cordon sableux et reconnecter l'Argens avec la mer, dans la situation où ces échanges ne sont plus assurés avec une fermeture complète de l'embouchure.
Suite aux deux inondations successives de juin 2010 et novembre 2011, le Préfet du Var avait permis la mise en oeuvre d'une procédure d'urgence (prévue par l'article R214.44 du Code de l'Environnement) pour effectuer des travaux efficaces sur l'ensemble du bassin versant de l'Argens. Le but étant d'éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent à l'avenir. Le désensablement de l'Embouchure de l'Argens était l'une d'entre elles.
Cette opération s'est échelonnée sur une période de 15 jours, en juillet 2012. Elle a consisté à un pompage du sable et des sédiments sur le chenal de sortie du fleuve (en s'appuyant sur le tracé d'écoulement préférentiel naturel).
A ce moment-là, l'embouchure était obstruée et ouverte sur moins d'un mètre de large avec à peine quelques centimètres de profondeur.
Le but était donc d'utiliser cette faible ouverture encore existante comme point de départ des travaux. La quantité extraite (environ 3 000 m3) a permis de retrouver une dynamique hydraulique normale.
Voici un reportage de France 3 Côte d'Azur sur le sujet (cliquez sur l'image)
C'est la diminuation du risque inondation dans la plaine de l'Argens qui a ici été mise en avant. Mais c'est surtout le maintien d'une connexion hydraulique Argens/mer qui a motivé cette opération.
D'un montant de 29 500 € HT, ces travaux ont été financés à 100% par l'Etat, contractualisés au titre de Natura 2000 en mer.
Cette action a montré son efficacité, du moins à court terme. La dynamique fluviale (débit, courantologie, dérive littorale, substrat du fond du fleuve, largeur, pluviométrie, etc...) ne permet pas de maintenir une ouverture permanente suffisante. Seul un chenal préférentiel est conservé par un tracé naturel. La rencontre des masses d’eau du fleuve Argens et de la mer conduit inévitablement à un ensablement à l'embouchure. Il est donc récurrent, et une action ponctuelle, bien que très efficace sur le moment, ne l'est pas sur la durée.
Galerie d'images concernant les travaux
Situation d'ensablement avant travaux (juin 2012)
Travaux de pompage (fin juillet 2012)
réouverture de l'embouchure par une brèche dans la langue de sable
Situation après travaux - ouverture de l'embouchure de l'Argens effective (août 2012)
Une déclaration pluriannuelle pour désensabler
Les inondations successives de juin 2010, novembre 2011, janvier 2014 et novembre 2019 ont marqué les esprits par les dégâts provoqués, à la fois sur les plans humains, socio-économiques et environnementaux. Le Préfet du Var a donc autorisé l'Agglomération (en charge de la GEMAPI), dans le cas d'une d'obstruction totale de l'embouchure de l'Argens et d'une pluie significative annoncée (risque jaune/orange), de pouvoir creuser dans le cordon sableux.
Ceci afin de créer une brèche suffisante permettant au flux hydraulique de déplacer le sable et diminuer ainsi le débord du fleuve en amont immédiat de l'embouchure.
En outre, creuser un sillon dans le bouchon sableux en l'absence de débit hydraulique suffisant conduit inévitablement à une refermeture de ce dernier dans les heures qui suivent l'action.
En effet, le fleuve n'a pas la puissance et le débit suffisant, nécessaires pour déplacer cette quantité importante de sable. D'où l'importance de suivre de près les conditions météorologiques et les conditions sur le terrain le plus souvent possible afin d'être très réactif et de rendre cette opération efficace.
Toute intervention de désensablement fait l'objet d'une communication préalable à la Préfecture et la remise obligatoire d'un rapport annuel des interventions (avec les dates, moyens mobilisés, relevés topographiques et de hauteurs d'eau).