Ponte d'une tortue caouanne - année 2016

Une rencontre exceptionnelle et rarissime

     
Les traces laissées par la tortue caouanne (Caretta caretta) avant son retour à la mer (©Carole Ida Vois)


L'histoire a débuté un 22 juillet 2016, aux aurores, lorsque Carole-Ida a croisé le chemin d'une tortue Caouanne sur la plage des Esclamandes, à Saint-Aygulf. Venue y déposer ses oeufs sur le littoral fréjusien, Caretta Caretta est repartie comme elle est venue, laissant à la nature le soin de continuer son oeuvre ou pas. L'émergence (l'éclosion des oeufs) devait avoir lieu mi septembre. 


Un dispositif de protection sans précédent

Prévenu très rapidement, le Réseau Tortues Marines de Méditerranée française (RTMMF) a dépéché sur place sa référente, Sidonnie Catteau, également chargée de mission Tortue marine au sein de la fondation Marineland. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes de sondage dans le sable qu'elle découvre finalement les oeufs pondus quelques jours plus tôt par la tortue marine.


Compte tenu du secteur très fréquenté en cette période de l'année, il était indispensable de protéger le nid au maximum. Un dispositif de protection avec des ganivelles a été mis en place par l'équipe des Gardes du Littoral. Ce dernier est complété par une surveillance diurne par le réseau de bénévoles du Conservatoire du Littoral et du RTMMF. La surveillance nocturne a été rendue possible grâce aux participations financières respectives de la Fondation Marineland, de la Région PACA, de Véolia et de la Ville de Fréjus. Côté technique, une caméra infrarouge a aussi été placée à l'aplomb du nid afin de surveiller le moindre mouvement en surface. Le flux vidéo a même été mis en ligne sur une chaîne YouTube.


« Nous avons tous travaillé ensemble, et de manière concrète, pour la protection du site de ponte », souligne Monique Milioti, adjointe au Littoral et au Domaine public maritime.


Protection de la zone de ponte la tortue caouanne sur les Esclamandes

Malgré tous les efforts mis en oeuvre pour protéger le nid et la ponte, la situation s'est dégradée...



Un sauvetage de la ponte obligé

Mardi 20 septembre, les experts scientifiques ont pris la décision de sonder le nid. Les température ont déjà bien chuté, et cela peut être problématique pour le développement embryonnaire. 74 oeufs entiers et quelques-uns cassés ont été extraits avec de très grandes précautions. C'est Sidonie Catteau, qui a procédé à la délicate opération, cette action étant soumise à une très lourde législation.

Les oeufs viables ont ensuite été replacés dans une chambre d'incubation au même endroit. L'objectif était de pouvoir mieux contrôler la température afin que le développement puisse se poursuivre à l'intérieur des oeufs.
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Toute la difficulté résidait dans le fait que nous n'avons aucune expérience de ce type sur les côtes varoises. Cela ne s'est jamais vu chez nous", explique Sidonie.

 
Extraction minutieuse des oeufs, placement dans un nid artifciel et remise en place du tout sous le sable

Une seconde opération de sauvetage a été initiée quelques jours plus tard avec, cette fois, le déplacement complet du nid dans un bâtiment sécurisé proche du lieu de ponte. Toujours dans l'optique de pouvoir contôler la température et l'humidité. C'est dernière étape était la dernière chance de voir une émergence de petites tortues.


Et le miracle se produit


La première petite tortue née de la ponte du mois de juillet (
© Stéphane Jamme)

Après plus de 70 jours d'incubation (en moyenne 55-60 jours), une petite tortue brise enfin sa coquille, sous les yeux émerveillés des personnes présentes. D'autres suivront le pas de leur ainé. Mais hors de question de les conserver. Comment faire alors ? Il fallait absolument remettre ces bébés tortues à la mer mais de manière la plus naturelle possible : recréer l'émergence (sortir de dessous le sable) et parcourir la plage jusqu'à la mer. Des barrières ont été disposées de par et d'autres de leur périple, immortalisé par de nombreuses personnes et les médias sur place.

Cette étape, particulièrement éprouvante et physique pour ces petits individus, a été facilité par l'aménagement d'un couloir en leur faveur. L'une d'elle parvient quelques minutes plus tard à rejoindre la mer, puis une deuxième dans la nuit. La Nature fera le reste...
Un évènement exceptionnelle et rarissime qui a eu la chance d'être observé, suivi et photographié.



Après un parcours long et difficile, l'une d'elle parvient à rejoindre la mer. Longue vie à elle...

 

Merci à toutes les personnes présentes et qui se sont mobilisées de près ou de loin pour que ce petit miracle de la Nature se produise.